Contrasto in Belgio tra l’azione giudiziaria antiterrorista e i media. Sotto accusa il settimanale francese OBS e la tv fiamminga VTM. Da Le Monde del 21.3.16:
Arrestation de Salah Abdeslam : la police belge condamne l’attitude de certains médias
Le Monde.fr | 21.03.2016
Arrestation de Salah Abdeslam : la police belge condamne l’attitude de certains médias
Le Monde.fr | 21.03.2016 à 08h39 • Mis à jour le 21.03.2016 à 12h34
Les forces de l’ordre belges sont furieuses, et le font savoir. Trois jours après l’arrestation de Salah Abdeslam, Claude Fontaine, le directeur de la police judiciaire, a condamné le comportement des médias, et notamment celui de l’hebdomadaire français L’Obs et de la chaîne de télévision belge VTM. « On offre, sur l’autel de l’audimat, la sécurité de mon personnel et la sécurité publique de la population (…), et ça, je ne l’accepte pas », a déclaré M. Fontaine au micro de la chaîne belge RTBF.
Vendredi en début d’après-midi, avant tout mouvement policier à Molenbeek, L’Obs avait en effet révélé que l’ADN de Salah Abdeslam avait été retrouvé dans l’appartement perquisitionné par la police belge mardi 14 mars à Forest, attestant de la présence du suspect à Bruxelles. La divulgation de cette information avait contraint les forces de l’ordre à anticiper leur opération à Molenbeek, où elles soupçonnaient Salah Abdeslam de s’être caché.
Quant à la chaîne privée flamande VTM, elle avait déjà positionné un camion satellite à proximité du lieu de l’opération policière, avant même l’arrivée des forces de l’ordre.
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« Une certaine irresponsabilité d’une certaine presse »
Cette attitude des médias constitue « un gros problème », selon le responsable policier, qui évoque même « une certaine irresponsabilité d’une certaine presse ».
« Qu’est-ce qu’on veut ? On veut des résultats. Et le résultat, on l’a. Mais il faut nous aider à l’obtenir. Si la présence de la presse, anticipée par rapport à l’intervention, a pour conséquence que les personnes que l’on souhaite interpeller disparaissent dans la nature, que nous dira-t-on le lendemain ? “Ça fait quatre mois qu’ils sont là et vous n’êtes pas capables de les trouver !” Alors restons sérieux et restons bien orientés vers la finalité de nos actions. »
En novembre, un « black-out » consenti
En novembre, la question du traitement par les médias des opérations de police dans l’enquête sur les attentats avait déjà fait l’objet d’un débat. Les médias belges s’étaient distingués en appliquant, le dimanche 22 novembre, un strict contrôle sur leurs publications en ligne le temps d’une soirée, alors qu’un couvre-feu avait été décrété à Bruxelles face au risque d’attentats. Le parquet, qui avait appelé à ce « black-out » médiatique pour ne pas perturber l’opération de police en cours, avait salué le comportement des médias.
Rien de comparable cette fois lors de l’arrestation de Salah Abdeslam : « Il n’y a eu aucune demande officielle ou officieuse ni aucune communication générale à l’adresse des médias », témoigne Christophe Berti, le rédacteur en chef du quotidien Le Soir. Lequel émet l’hypothèse que les éventuelles demandes de prudence ont pu être exprimées de façon individualisée, vis-à-vis de journalistes qui auraient pris contact avec des sources judiciaires ou policières pour opérer des vérifications. Il semble de fait qu’au moins un média belge disposait de l’information concernant l’ADN de Salah Abdeslam et ne l’a pas diffusée, contrairement à L’Obs.
Information primordiale
Lundi, l’hebdomadaire français a publié un article pour justifier sa démarche, qualifiant l’information de la présence d’Abdeslam à Bruxelles de « primordiale ».
« Il suffit d’imaginer un instant, pour comprendre, ce qu’il serait arrivé si par malheur, il avait perpétré un nouvel attentat. Que n’aurait-on dit alors : “Vous saviez qu’il était à Bruxelles et vous l’avez caché !” »
L’hebdomadaire affirme en outre que « notre article n’a rien appris au terroriste qu’il ne savait déjà : ni que la police le recherchait, ni qu’il avait pu laisser des traces de son passage dans l’appartement de Forest, ni même que l’enquête avançait ». « Prétendre par ailleurs que nous aurions mis en danger les personnes présentes au moment de son arrestation est tout aussi infondé puisque nous n’avons pas écrit qu’une opération était en cours pour l’interpeller », souligne le média.
« Il arrive parfois que la police ou les enquêteurs nous demandent de retarder la publication d’une information pour ne pas mettre en péril une enquête ou une opération en cours. Cela n’a pas été le cas. Et si cela l’avait été, nous aurions sans aucun doute pris en compte cette demande, comme il nous est arrivé de le faire à plusieurs reprises depuis les attentats du 13 novembre. »
En France, c’est après les attentats de janvier 2015 ciblant Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher que les critiques avaient été les plus violentes. Des sanctions avaient été décidées par le CSA contre de nombreux médias audiovisuels, suivies de la mise en place de nouvelles pratiques qui ont donné satisfaction lors des attentats de novembre à Paris et Saint-Denis.