Poetessa libanese, atea e femminista, il Bahrein non la vuole tra i piedi. Pur invitata ora si è vista rifiutare l’ingresso. E’ la vicenda di Joumana Hadad.
Difficile la situazione per le donne libere del Medio Oriente, la vicenda di Noa all’aeroporto di Tel Aviv – aggredita dai miliziani del centro destra di Netanyahu – ne è stata un altro esempio.
Solidarietà a Joumana e a Noa…
L’articolo di Libération sulla poetessa libanese:
Une poétesse libanaise interdite de conférence à Bahreïn
JOHANNA LUYSSEN 20 MARS 2015 À 18:56
Invitée à Manama en avril pour le Printemps de la culture, Joumana Haddad, athée, féministe et pro-LGBT, vient de se voir refuser l’accès au royaume.
«Les athées sont donc apparemment plus dangereux que les égorgeurs et ceux qui brûlent des êtres humains!» ironise, amère, l’écrivaine, essayiste et journaliste libanaise Joumana Haddad sur son compte Facebook. La jeune femme, qui se décrit en effet comme «une athée proclamée», s’est vu subitement refuser l’accès à Bahreïn. Elle devait donner une conférence le 6 avril à Manama, la capitale du royaume, dans le cadre du Printemps de la culture.
«J’ai été invitée il y a un mois par la ministre de la Culture elle-même, pour un événement autour de la poésie, raconte à Libération la poétesse. Mais dès lors que l’événement a été annoncé, il y a trois ou quatre jours, j’ai été l’objet d’une campagne sur Twitter à l’aide d’un hashtag indiquant “les athées ne sont pas les bienvenus à Bahreïn“. Je sais également que mon attachement à prôner l’égalité hommes femmes n’a pas simplifié les choses, et on m’a enfin reproché de défendre les droits des homosexuels. Tout cela a fait boule de neige. Des députés islamistes s’y sont mis. Finalement, le Premier ministre a fini par capituler, et la ministre de la Culture m’a appelée pour m’informer que j’étais interdite d’entrée à Bahreïn.»
Le principal parti salafiste du pays, Al Asalah, a en effet protesté avec virulence contre sa venue : «Nous réclamons qu’elle ne soit pas autorisée à entrer sur notre territoire sous quelque prétexte que ce soit parce que notre religion, notre morale et notre peuple ne l’acceptent pas, et ne le permettent pas.» Le parti a également menacé de confronter la ministre de la Culture à cette «provocation flagrante contre la religion de Dieu». En défense de l’écrivaine, d’autres voix, elles aussi nombreuses, se sont pourtant fait entendre, comme celle, parmi d’autres, de cet internaute bahreïnien, qui semble sincèrement atterré par la prolifération de ce mot-dièse.
Joumana Haddad, qui prône un féminisme assez radical, est connue pour être la rédactrice en chef de la sulfureuse revue arabophone Jasad(«Corps»). Ce trimestriel, édité à Beyrouth, explore depuis 2008 les liens entre corps et culture, et brise certains tabous en parlant d’érotisme, de nudité et d’homosexualité. Interdite dans de nombreux pays arabes, en proie à des difficultés financières, sa parution devrait cependant reprendre dans les mois qui viennent. Jasad n’a pas valu que des soutiens à sa rédactrice en chef, qui a ensuite publié dans plusieurs langues un essai féministe radical,J’ai tué Schéhérazade : confessions d’une femme arabe en colère, (Actes Sud) puis en 2013, un autre essai tout aussi abrasif, Superman est arabe, dénonçant le patriarcat à l’œuvre dans le monde arabe et dans les trois religions monothéistes.
C’est cependant la première fois qu’on lui interdit d’entrer dans un pays étranger. «Hélas, je ne peux que me soumettre à cette décision, déplore Joumana Haddad. Mais quelque part, cela m’a donné un peu d’espoir : les mots et la pensée font donc encore de l’effet. Depuis cette histoire, je suis en contact avec beaucoup d’athées et d’agnostiques, à Bahreïn comme en Arabie Saoudite».
Libération a contacté le personnel du Printemps de la culture à Manama ainsi que l’ambassade du Bahreïn en France, sans succès.