1939, per “Le Soir republicain” quotidiano di un solo foglio pubblicato in Algeria il condirettore Albert Camus prepara questo testo sulla libertà di stampa. Non fu mai pubblicato. E’ stato ritrovato da poco negli archivi di Aix-en-provence. Vale la pema leggere ciò che Camus chiama “les quarte commendements du journaliste libre”. Assicurararsi dell’autenticità di una notizia, questo il punto di partenxzsa allora come oggi. Proprio ora che a Camus il regista Gianni Amelio ha dedicato il suo nuovo film “Il primo uomo”. Da “Le Monde” del 18.3.2012:
Le manifeste censuré de Camus
LE MONDE CULTURE ET IDEES | 18.03.2012 à 14h16 • Mis à jour le 18.03.2012 à 14h52
Par par Albert Camus
Il est difficile aujourd’hui d’évoquer la liberté de la presse sans être taxé d’extravagance, accusé d’être Mata-Hari, de se voir convaincre d’être le neveu de Staline.
Pourtant cette liberté parmi d’autres n’est qu’un des visages de la liberté tout court et l’on comprendra notre obstination à la défendre si l’on veut bien admettre qu’il n’y a point d’autre façon de gagner réellement la guerre.
Certes, toute liberté a ses limites. Encore faut-il qu’elles soient librement reconnues. Sur les obstacles qui sont apportés aujourd’hui à la liberté de pensée, nous avons d’ailleurs dit tout ce que nous avons pu dire et nous dirons encore, et à satiété, tout ce qu’il nous sera possible de dire. En particulier, nous ne nous étonnerons jamais assez, le principe de la censure une fois imposé, que la reproduction des textes publiés en France et visés par les censeurs métropolitains soit interdite au Soir républicain (le journal, publié à Alger, dont Albert Camus était rédacteur en chef à l’époque), par exemple. Le fait qu’à cet égard un journal dépend de l’humeur ou de la compétence d’un homme démontre mieux qu’autre chose le degré d’inconscience où nous sommes parvenus.
Un des bons préceptes d’une philosophie digne de ce nom est de ne jamais se répandre en lamentations inutiles en face d’un état de fait qui ne peut plus être évité. La question en France n’est plus aujourd’hui de savoir comment préserver les libertés de la presse. Elle est de chercher comment, en face de la suppression de ces libertés, un journaliste peut rester libre. Le problème n’intéresse plus la collectivité. Il concerne l’individu.
Et justement ce qu’il nous plairait de définir ici, ce sont les conditions et les moyens par lesquels, au sein même de la guerre et de ses servitudes, la liberté peut être, non seulement préservée, mais encore manifestée. Ces moyens sont au nombre de quatre : la lucidité, le refus, l’ironie et l’obstination. La lucidité suppose la résistance aux entraînements de la haine et au culte de la fatalité. Dans le monde de notre expérience, il est certain que tout peut être évité. La guerre elle-même, qui est un phénomène humain, peut être à tous les moments évitée ou arrêtée par des moyens humains. Il suffit de connaître l’histoire des dernières années de la politique européenne pour être certains que la guerre, quelle qu’elle soit, a des causes évidentes. Cette vue claire des choses exclut la haine aveugle et le désespoir qui laisse faire. Un journaliste libre, en 1939, ne désespère pas et lutte pour ce qu’il croit vrai comme si son action pouvait influer sur le cours des événements. Il ne publie rien qui puisse exciter à la haine ou provoquer le désespoir. Tout cela est en son pouvoir.
En face de la marée montante de la bêtise, il est nécessaire également d’opposer quelques refus. Toutes les contraintes du monde ne feront pas qu’un esprit un peu propre accepte d’être malhonnête. Or, et pour peu qu’on connaisse le mécanisme des informations, il est facile de s’assurer de l’authenticité d’une nouvelle. C’est à cela qu’un journaliste libre doit donner toute son attention. Car, s’il ne peut dire tout ce qu’il pense, il lui est possible de ne pas dire ce qu’il ne pense pas ou qu’il croit faux. Et c’est ainsi qu’un journal libre se mesure autant à ce qu’il dit qu’à ce qu’il ne dit pas. Cette liberté toute négative est, de loin, la plus importante de toutes, si l’on sait la maintenir. Car elle prépare l’avènement de la vraie liberté. En conséquence, un journal indépendant donne l’origine de ses informations, aide le public à les évaluer, répudie le bourrage de crâne, supprime les invectives, pallie par des commentaires l’uniformisation des informationset, en bref, sert la vérité dans la mesure humaine de ses forces. Cette mesure, si relative qu’elle soit, lui permet du moins de refuser ce qu’aucune force au monde ne pourrait lui faire accepter : servir le mensonge.
Nous en venons ainsi à l’ironie. On peut poser en principe qu’un esprit qui a le goût et les moyens d’imposer la contrainte est imperméable à l’ironie. On ne voit pas Hitler, pour ne prendre qu’un exemple parmi d’autres, utiliser l’ironie socratique. Il reste donc que l’ironie demeure une arme sans précédent contre les trop puissants. Elle complète le refus en ce sens qu’elle permet, non plus de rejeter ce qui est faux, mais de dire souvent ce qui est vrai. Un journaliste libre, en 1939, ne se fait pas trop d’illusions sur l’intelligence de ceux qui l’oppriment. Il est pessimiste en ce qui regarde l’homme. Une vérité énoncée sur un ton dogmatique est censurée neuf fois sur dix. La même vérité dite plaisamment ne l’est que cinq fois sur dix. Cette disposition figure assez exactement les possibilités de l’intelligence humaine. Elle explique également que des journaux français comme Le Merle ou Le Canard enchaîné puissent publier régulièrement les courageux articles que l’on sait. Un journaliste libre, en 1939, est donc nécessairement ironique, encore que ce soit souvent à son corps défendant. Mais la vérité et la liberté sont des maîtresses exigeantes puisqu’elles ont peu d’amants.
Cette attitude d’esprit brièvement définie, il est évident qu’elle ne saurait se soutenir efficacement sans un minimum d’obstination. Bien des obstacles sont mis à la liberté d’expression. Ce ne sont pas les plus sévères qui peuvent décourager un esprit. Car les menaces, les suspensions, les poursuites obtiennent généralement en France l’effet contraire à celui qu’on se propose. Mais il faut convenir qu’il est des obstacles décourageants : la constance dans la sottise, la veulerie organisée, l’inintelligence agressive, et nous en passons. Là est le grand obstacle dont il faut triompher. L’obstination est ici vertu cardinale. Par un paradoxe curieux mais évident, elle se met alors au service de l’objectivité et de la tolérance.
Voici donc un ensemble de règles pour préserver la liberté jusqu’au sein de la servitude. Et après ?, dira-t-on. Après ? Ne soyons pas trop pressés. Si seulement chaque Français voulait bien maintenir dans sa sphère tout ce qu’il croit vrai et juste, s’il voulait aider pour sa faible part au maintien de la liberté, résister à l’abandon et faire connaître sa volonté, alors et alors seulement cette guerre serait gagnée, au sens profond du mot.
Oui, c’est souvent à son corps défendant qu’un esprit libre de ce siècle fait sentir son ironie. Que trouver de plaisant dans ce monde enflammé ? Mais la vertu de l’homme est de se maintenir en face de tout ce qui le nie. Personne ne veut recommencer dans vingt-cinq ans la double expérience de 1914 et de 1939. Il faut donc essayer une méthode encore toute nouvelle qui serait la justice et la générosité. Mais celles-ci ne s’expriment que dans des coeurs déjà libres et dans les esprits encore clairvoyants. Former ces coeurs et ces esprits, les réveiller plutôt, c’est la tâche à la fois modeste et ambitieuse qui revient à l’homme indépendant. Il faut s’y tenir sans voir plus avant. L’histoire tiendra ou ne tiendra pas compte de ces efforts. Mais ils auront été faits.
L’article que nous publions devait paraître le 25 novembre 1939 dans “Le Soir républicain”, un quotidien limité à une feuille recto verso que Camus codirige à Alger. L’écrivain y définit
“les quatre commandements du journaliste libre” : lucidité, refus, ironie et obstination. Notre collaboratrice Macha Séry a retrouvé ce texte aux Archives nationales d’outre-mer, à Aix-en-Provence (lire son enquête page 2). Camus dénonce ici la désinformation qui gangrène déjà la France en 1939. Son manifeste va plus loin. Il est une réflexion sur le journalisme en temps de guerre. Et, plus largement, sur le choix de chacun, plus que celui de la collectivité, de se construire en homme libre.
par Albert Camus
E’ difficile oggi evocare la libertà di stampa senza essere accusati di stravaganza, accusati di essere Mata-Hari, di vedersi convincere d’essere il nipotino di Stalin.
Eppure questa libertà tra l’altro non è che uno dei volti della libertà tout court e si capirà la nostra ostinazione a difenderla si sei vuole ammettere che non c’è altro modo di vincere realmente la guerra.
Certo, ogni libertà ha i suoi limiti. Ancora, occorre che siano liberamente riconosciuti. Sugli ostacoli che sono oggi posti alla libertà di pensiero, abbiamo del resto detto tutto ciò che abbiamo potuto dire e che diremo ancora, e a sazietà, tutto ciò che ci sarà possibile dire. In particolare, noi non ci stupiremo mai abbastanza, una volta imposto il principio della censura, che la riproduzione dei testi pubblicati in Francia e vistati dai censori metropolitani sia vietata sul “Soir républicain” , ad esempio. Il fatto che da questo punto di vista un giornale dipenda dall’umore o dalla competenza d’un uomo mostra meglio di ogni altra cosa il grado di incoscienza a cui siamo arrivati.
Uno dei buoni precetti d’una filosofia degna di questo nome è di non lasciarsi andare a inutili lamenti di fronte a uno stato di fatto che non può essere più evitato. La questione in Francia non è più oggi di sapere come preservare le libertà della stampa. E’ di cercare come, di fronte alla soppressione di queste libertà, un giornalista può restare libero. Il problema non interessa più la collettività. Riguarda l’individuo.
E giustamente ciò che ci piacerebbe definire qui sono le condizioni e i mezzi attraverso i quali, in seno alla stessa guerra e alle sue servitù, la libertà può essere non soltanto preservata, ma ancora manifestata. Questi mezzi sono nel numero di quattro: la lucidità, il rifiuto, l’ironia e l’ostinazione. La lucidità suppone la resistenza ai trascinamento dell’odio e al culto della fatalità. Nel mondo della nostra esperienza, è certo che tutto può essere evitato. La stessa guerra, che è un fenomeno umano, può essere in ogni momento evitata o arrestata dai mezzi umani. Basta conoscere la storia degli ultimi anni della politica europea per essere certi che la guerra, qualunque sia, ha delle cause evidenti. Questa chiara visione delle cose esclude l’odio cieco e la disperazione che lascia fare. Un giornalista libero, nel 1939, non dispera e lotta per ciò che crede vero come se la sua azione potesse influire sul corso degli avvenimenti. Non pubblica nulla che possa eccitare l’odio o provocare la disperazione. Tutto questo è in suo potere.
Di fronte alla marea montante della stupidaggine, è ugualmente necessario porre qualche rifiuto. Qualsiasi costrizione del mondo non potrà fare che uno spirito sufficientemente pulito accetti di essere disonesto. Ora, per quanto poco si conosca il meccanismo delle informazioni, è facile assicurarsi dell’autenticità doi una notizia. E’ a questo che un giornalista libero deve restare tutta la sua attenzione. Perché, se non può dire tutto ciò che pensa, gli è possibile non dire ciò che non pensa o che crede falso. Ed è così che un giornale libero si misura tanto per ciò che dice quanto per ciò che non dice. Questa libertà tutta negativa è, di gran lunga, la più importante di tutte, se si sa mantenerla. Perché essa prepara l’avvento della vera libertà. Di conseguenza, un giornale indipendente indica la fonte delle sue informazioni, aiuta il pubblico a valutarle, ripudia lo strombazzamento, sopprime le invettive, mitiga con commenti l’uniformizzazione delle informazioni e , in breve, serve la verità nella misura umana delle sue forze. Questa misura, per quanto relativa sia, gli permette almeno di rifiutare ciò che nessuna forza del mondo potrebbe fargli accettare: servire la menzogna.
Veniamo così all’ironia. Si può dire in principio che uno spirito che ha il gusto e i mezzi d’imporre la costrizione è impermeabile all’ironia. Non si vede Hitler, solo per fare un esempio, usare l’ironia socratica. Resta dunque che l’ironia rimane un’arma senza prt4ecedenti contro chi è troppo potente. Essa co0mpleta il rifiuto nel senso che permette non più di rigettare ciò che è falso ma di dire spesso ciò che è vero. Un giornalista libero, nel 1939, non si fa troppe illusioni sull’intelligenza di coloro che lo opprimono. E’ pessimista per ciò che riguarda l’uomo. Una verità enunciata con tono dogmatico è censurata nove volte su dieci. La stessa verità detta con tono scherzoso è censurata solo cinque volte su dieci. Questa disposizione disegna abbastanza esattamente le possibilità dell’intelligenza umana. Spiega anche come dei giornali francesi come “Le Merle” o “Le Canard Enchainé” possano pubblicare regolarmente i coraggiosi articoli che sappiamo. Un giornalista libero, nol 1939, è dunque necessariamente ironico, anche se spesso sia a malincuore. Ma la verità e la libertà sono delle amanti esigenti visto che hanno pochi amanti.
Questo modo di vedere brevemente definito è evidente che non saprebbe sostenersi senza un minimo di ostinazione. Molti sono gli ostacoli posti alla libertà d’espressione. Non sono i più severi che possono scoraggiare uno spirito. Perché le minacce, le sospensioni, le incriminazioni ottengono generalmente in Francia l’effetto contrario a quello voluto. Ma bisogna convenire che ciò è degli ostacoli scoraggianti (la costanza nella sciocchezza, l’ignavia organizzata, l’inintelligenza aggressiva) e noi ne possiamo prescindere. L’ostinazione in questo caso è la virtù cardinale. Per un paradosso curioso ma evidente essa si mette allora al servizio dell’obiettività e della tolleranza.
Ecco dunque un insieme di regole per preservare la libertà fin dentro la schiavitù. E dopo, si dirà? Dopo? Non facciamoci prendere dalla fretta. Se soltanto ogni francese volesse mantenere nella sua sfera tutto ciò che considera vero e giusto, se volesse aiutare con la sua debole parte al mantenimento della libertà, resistere all’abbandono e far conoscere la sua volontà,. Allora e soltanto allora questa guerra sarebbe vinta, nel senso profondo della parola.
Sì, è spesso a malincuore che uno spirito libero di questo secolo fa sentire la sua ironia. Che trovare di piacevole in questo mondo infiammato? Ma la virtù dell’uomo è di mantenersi di fronte a tutto ciò che la nega. Nessuno vuole ricominciare tra 25 anni la duplice esperienza del 1914 del 1939. Bisogna dunque provare un metodo interamente nuovo che sarebbe la giustizia e la generosità. Ma esse si esprimono solo in cuori già liberi e in spiriti ancora illuminati. Formare questi cuori e questi spiriti, risvegliarli piuttosto, è il compito insieme modesto e ambizioso che tocca all’uomo indipendente. Bisogna attenersi a questo senza vedere più avanti. La storia terrà o non terrà conto di questo sforzi. Ma saranno stati fatti.
Albert Camus
(traduzione mia, fatta piuttosto in fretta)